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«La mobilité touche les voyageurs au cœur de leur vie quotidienne»

Rébecca Dougoud est la nouvelle présidente de la communauté tarifaire unireso. Entrée en fonction le 1er janvier 2020, elle succède ainsi à Christoph Stucki, membre fondateur d’unireso. Titulaire d’un master en économie des transports, elle a participé à la conduite de projets ainsi qu’à la négociation de contrats de transport.

Comment est né votre intérêt pour les transports publics?
Les transports publics, et au-delà la mobilité, relèvent d’une organisation plus large qui est celle de l’aménagement du territoire. J’ai très vite considéré qu’en étant acteur de la mobilité et, en particulier, des transports publics, nous sommes, là, au cœur du quotidien de chaque individu.

La crise sanitaire, liée à la Covid-19, a affecté les transports publics. Quel message souhaitez-vous transmettre aux voyageurs?
Les gens ont connu une période difficile. Ils doivent reprendre le cours de leur vie tout en restant précautionneux mais pas craintifs. Il faut faire confiance aux opérateurs et aux règles sanitaires qu’ils mettent en place.

En quoi, le coronavirus va-t-il impacter les pratiques de mobilité?
Il est prématuré d’apporter une réponse sur ce point. Nous, tous les acteurs de la mobilité, allons devoir observer, dans la durée, l’impact sur les pratiques de mobilité. Allons-nous constater une diminution de la mobilité globale?

Depuis janvier 2020, vous avez rejoint la communauté tarifaire unireso. Que représente ce nouveau challenge pour vous?
Je parlerais plutôt de responsabilité. On m’a confiée cette mission dont l’enjeu est de contribuer au développement des transports publics au service de ses clients. Mais, il est vrai, qu’au vu des dernières semaines, le défi est important.

Le Léman Express, inauguré dans son intégralité le 15 décembre 2019, a vu l’émergence de nouvelles gares sur le territoire genevois. Ce réseau ferroviaire va-t-il, selon vous, profondément modifier la mobilité à Genève?
Le Léman Express, modifie l’espace et le temps des individus. Il rapproche les voyageurs de leur destination et permet ainsi une nouvelle mobilité. Les personnes qui se déplacent à l’intérieur du périmètre cantonal genevois, qui viennent des départements français voisins ou du canton de Vaud vivent une véritable révolution. L’ensemble des réseaux de transports publics connectés au Léman Express offre une belle opportunité aux habitants pour améliorer leur mobilité au quotidien. La création de la communauté tarifaire Léman Pass, qui permet de circuler avec un seul titre de transport de part et d’autre de la frontière constitue, par ailleurs, un joli défi relevé par les partenaires. Les travaux devront se poursuivre pour couvrir au mieux lesbesoins des clients.

unireso est souvent assimilée aux tpg. Quel est le rôle précis d’unireso par rapport aux Transports publics genevois?
Il faut raisonner en termes de finalité. Unireso est là pour simplifier l’utilisation des transports publics et amener les voyageurs à utiliser avec un seul titre tous les modes de transport (bus, trams, navettes lacustres, trains) et ce, quel que soit le transporteur sur le territoire du canton de Genève. Par ailleurs, unireso répartit les recettes sur ce territoire entre CFF, SMGN et tpg selon les éléments transmis. C’est ainsi qu’il faut comprendre son rôle. Pour les voyageurs, l’existence des titres unireso, sont un simplificateur de vie. unireso est simplement l’expression de l’entente entre tous les transporteurs.

Dans votre carrière, vous avez participé au développement de projets à Genève, dans le canton de Vaud et en France. Percevez-vous des différences entre ces cantons et ces deux pays?
Il y a évidemment des différences. Par exemple, Genève est un canton ville tandis que le canton de Vaud est plus vaste. Quant à la France, c’est non seulement l’organisation de son territoire mais encore son organisation institutionnelle qui diffère. Dès lors, les différences sont structurelles. En fait, Vaudois, Genevois et Français tirent à la même corde soit mettre en place un réseau de transports publics répondant à la demande et aux besoins des voyageurs.

Vous êtes co-auteur avec Yves Delacrétaz d’un ouvrage sur les transports. Quel est l’enseignement principal de ce livre?
Ce livre s’adresse à des professionnels. Son objectif est d’une part de répertorier les éléments à prendre en compte pour la conduite d’un projet dans le domaine des transports et d’autre part de fournir des réponses possibles, pas des recettes toutes faites, pour aider les acteurs à mettre en œuvre leurs projets. Notre guide a été conçu pour amener à la prise de conscience qu’un projet déterminé va générer une multitude de changements pour différents acteurs, directement ou indirectement impactées.

La conduite de projet en transport. Guide pratique pour les chefs de projet et leurs chefs», 2017, Editions Alphil.