Je termine en ce moment Sérotonine, le dernier livre de Michel Houellebecq. J’ai de l’appétit pour ses bouquins, je les ai presque tous lus. Ses personnages, pathétiques et désespérants, me touchent. Déboussolés, ils évoluent dans un monde médiocre, dérisoire et sans repères. C’est un vrai roman contemporain, cru et critique d’une société qui a un peu perdu les pédales dans la grande fuite en avant de ce qu’on appelle progrès. C’est évidemment caricatural, cynique, et cela me plaît. L’apathie de ses anti-héros, alcooliques et obsédés, revêtent une dimension comique profondément humaine. Le grand freak show de la vie, tel que magnifiquement raconté par Michel Houellebecq, donne paradoxalement l’envie d’en tirer l’essence, de la croquer à pleines dents et de s’en émerveiller. Car dans Sérotonine, demeure au fond l’amour, comme la braise ardente d’un bûcher qui semble éteint. Ce qu’il nous reste ? À méditer !
En musique, l’émerveillement passe pour moi par Richard Wagner. Son « Ring des Nibelungen » une œuvre monumentale de presque quinze heures, en est la création la plus connue.
Mon disque incontournable ? Un enregistrement de la Tétralogie réalisé en 1973 à Bayreuth et dirigé par le chef Karl Böhm. C’est beau, c’est bouleversant et ça rend accro. À tel point qu’il m’accompagne partout et tout le temps : pour trouver le repos, la concentration ou l’énergie, dans le bus comme en footing. Il y a dans la musique de Wagner quelque chose de mystique, de tellurique et d’inexplicable. Vous vous direz, quel cuistre ce Seydoux ! Je répondrai alors que j’écoute aussi beaucoup Michel Sardou.
Jérémy Seydoux, rédacteur en chef adjoint et présentateur à Léman Bleu
LIVRE : Sérotonine – Michel Houellebecq // Flammarion
DISQUE : L’anneau du Nibelung – Richard Wagner
