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Un grand coup d’accélérateur sur la mobilité électrique

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L’électromobilité est au cœur des politiques publiques. Il est vrai que l’enjeu est de taille. Il ne s’agit rien de moins que de faire fléchir la pollution atmosphérique pour diminuer l’impact sur le climat et la santé humaine. Le canton de Genève vise un objectif, en 2030, 40 % des véhicules privés immatriculés sur le territoire genevois devront être à propulsion électrique. Cette stratégie pro climat, qui impacte depuis longtemps les transports collectifs, va connaître un nouveau souffle. Coup de projecteur sur la nouvelle mobilité « en marche ». 

Aujourd’hui, selon les dernières statistiques cantonales, ce sont près de 5’000 véhicules électriques – toutes catégories confondues (hors vélos) – qui circulent dans la cité de Calvin. Ce chiffre, qui a été multiplié par dix en dix ans, connait une progression régulière. Quant aux petites reines à assistance électrique, elles sont près de 7’950 à se déployer sur l’asphalte. L’élan pour une mobilité « plus propre » gagne aussi du terrain dans le transport routier. En octobre 2021, deux 40 tonnes électriques se lançaient à l’assaut des routes suisses. Ces deux colosses, presque silencieux, s’enorgueillissent d’une autonomie de 900 km à vide et 500 km avec un chargement. 

L’avenir de la mobilité passerait-il par l’électricité ? En tout état de cause, le Département des infrastructures a élaboré une stratégie qui vise à contenir les nuisances liées aux émissions de CO2 en dopant le parc électrique. L’objectif est d’atteindre 40 % des véhicules genevois d’ici à huit ans. L’ Etat a dès lors décidé d’agir sur deux axes : faciliter la multiplication des stations de charge électrique et modifier les critères d’imposition des véhicules à moteur.

Ce dernier projet comprend treize modifications de taxation selon le taux d’émissions de CO2 ainsi qu’un volet consacré à la création d’une prime incitative à l’électromobilité. Il est aujourd’hui examiné par le Grand Conseil.

Les tpg pressent le pas

En attendant, les tpg, dont la flotte est déjà composée à 51 % de véhicules électriques (sur 458 au total) alimentés par une source 100 % renouvelable, s’apprêtent à franchir un pas de plus, soit reléguer d’ici à 2030 leur matériel roulant encore alimenté au diesel au profit de véhicules à traction électrique. Comme l’explique Thierry Wagenknecht, directeur technique des tpg : « Nous bénéficions de données pertinentes résultant de la mise en circulation en 2018 de nos douze bus TOSA assurant la liaison Carouge-Aéroport. Ces véhicules articulés se rechargent en quelques secondes auprès des 13 stations qui jalonnent leur parcours. Une technologie éprouvée qui va donc nous permettre d’assurer le mieux possible la transition énergétique ». Mais ce n’est pas tout, le parc des trolleys – dont la dernière génération peut, grâce à une batterie hautement performante, parcourir entre 7 et 20 kilomètres sans câble – pourrait progressivement diminuer au profit des eBus. Le transporteur est en effet soucieux de ne pas envahir l’espace avec de nouveaux câbles aériens. 

Enfin, la régie orange va acquérir 56 trams bidirectionnels qui, à l’instar des trams circulant actuellement sur le réseau genevois, n’utilisent pas d’énergies fossiles. L’achat de ce nouveau matériel roulant représente un investissement de 700 millions de francs financés à parts égales par les tpg et l’Etat de Genève.

Un système « d’auto alimentation »

Aux CFF, près de 95 % du courant de traction est issu des énergies renouvelables. Le transporteur devrait atteindre 100 % d’ici à trois ans. La récupération d’énergie n’est pas une préoccupation nouvelle pour les Chemins de Fer Fédéraux. En effet, au printemps 1918 déjà, les CFF commandent des locomotives lourdes pour le transport de marchandises en montagne. Dans le cahier des charges, ils exigent qu’il y ait un frein de récupération. Cette technologie innovante est aujourd’hui opérationnelle pour l’ensemble de la flotte CFF. Comment ? « Dès que le train freine (à l’entrée d’une gare ou même en descente), le moteur fonctionne comme un générateur. Grâce au convertisseur et au transformateur, le courant est à la bonne tension (15’000 volts) et à la bonne fréquence (16,7 Hz), de sorte que l’énergie peut être réinjectée dans la caténaire. L’électricité est ensuite transportée via la ligne de contact vers d’autres trains sur la ligne », explique Matthias Tuchschmid, responsable du programme Economie d’énergie et Neutralité climatique aux CFF. « Tous les véhicules réunis récupèrent chaque année environ 630 GWh de courant de traction, soit 34 % de la consommation totale d’énergie des trains par jour et également 34 % de la consommation totale d’énergie sur l’année. En d’autres termes, avec l’énergie de freinage de trois trains, un quatrième train peut parcourir le même trajet », reprend Matthias Tuchschmid.

L’ an dernier, les Mouettes Genevoises mettaient à l’eau une troisième embarcation électro-
solaire. Une quatrième devrait prochainement traverser la rade. Ainsi, il ne restera plus que deux bateaux diesel sur les six en circulation. Les navettes lacustres nouvelle génération sont alimentées principalement via l’énergie de panneaux solaires installés sur le toit. Et leur système de chauffage est garanti sans aucune émission polluante car il fonctionne à l’eau chauffée électriquement à 80 degrés durant la nuit. 

Ainsi, Genève roule avec détermination vers une mobilité électrique et renouvelable !

Voir le sujet sur l’électrification de la flotte des tpg : ICI

Recyclables les batteries ?

Si l’électromobilité a le vent en poupe, que sait-on sur la composition des batteries nécessaires au stockage de cette source d’énergie ? Constituent-elles encore le maillon faible d’une mobilité qui se veut plus respectueuse de l’environnement ? Le point avec Bruno Lemoine, ingénieur de recherche à la Haute Ecole Spécialisée bernoise BFH à Bienne.

Que peut-on recycler aujourd’hui dans une batterie ? 

Bruno Lemoine : La majorité des composants d’une batterie lithium-ion peut être recyclée. Une attention particulière est apportée concernant les métaux à hautes valeurs comme l’aluminium, le cuivre, le nickel, le lithium, le manganèse ou le cobalt. 

Cela représente quel pourcentage de ladite batterie ?

B.L : Cela diffère selon chaque processus de recyclage. Mais on peut déjà atteindre un pourcentage supérieur à 90 %. 

Quelles difficultés entravent cette action de récupération ?

B.L : Le point le plus problématique c’est d’une part, l’intérêt économique et d’autre part, l’impossibilité de recycler tous les types de batterie. En effet, les batteries lithium-ion peuvent avoir des chimies différentes et cela engendre des étapes de recyclage plus complexes. Dès lors, la collecte des batteries n’est pas toujours organisée à grande échelle. 

Quelles sont les recherches en cours dans ce domaine ?

B.L : La recherche sur le recyclage se focalise sur la réduction de la consommation d’énergie, l’automatisation du processus et la compression des coûts. Une réflexion est aussi en cours qui inclut une étape recyclage à la fabrication d’une batterie. Ceci implique par exemple de recourir à des matériaux qui peuvent être séparés à partir d’un bain d’eau ou alors des constructions plus simples à démonter. Le bilan écologique d’une batterie peut également être amélioré par une utilisation plus longue. Par exemple, une batterie qui n’est plus assez performante pour une voiture électrique est utilisable pour le stockage d’énergie d’une maison individuelle.

Le projet CircuBAT, lancé par le Centre de recherche sur le stockage d’énergie (ESReC) de la Haute Ecole bernoise et six autres institutions de recherche, a pour but de fédérer les activités et partenaires en Suisse afin de résoudre le problème du recyclage et développer une économie circulaire. 

Plus d’infos sur: circubat.ch

Focus sur l’approvisionnement électrique

Laetitia Perrin, porte-parole des Services industriels de Genève (SIG).

D’où provient l’électricité qui alimente Genève ?

L’approvisionnement en électricité du canton de Genève est assuré pour environ un tiers par de la production SIG à Genève. Le reste, dont l’origine renouvelable est garantie, est achetée en Suisse. L’énergie produite par SIG est 100 % locale et renouvelable. 

Combien produit-on d’électricité par an ? 

En 2021, les SIG ont produit 784 GWh d’électricité. Cela représente la consommation de 261’333 ménages.

Quelle est aujourd’hui la part électrique de la mobilité ?

Le nombre de véhicules électriques (100 % électrique et hybrides rechargeables) est estimé aujourd’hui à 5’200 véhicules immatriculés à Genève. Cela représente moins de 3 % du parc de voitures de tourisme du parc genevois. Les objectifs cantonaux visent à l’horizon 2030, 52-55’000 véhicules électriques et misent sur une diminution importante attendue du nombre total de véhicules utilisant des énergies fossiles.

Quels sont les grands projets de développement compte tenu de l’extension en cours du parc privé et public de véhicules électriques ?

Les SIG poursuivent l’extension de leur réseau de bornes de recharge publiques « SIG MOVE ». Aujourd’hui, ce réseau totalise 121 points de charge accessibles au grand public sur l’ensemble du canton de Genève. Un déploiement de plus de 2’000 points de charge publics est prévu d’ici 2030 grâce à une collaboration entre l’Etat de Genève, SIG et les communes. Les SIG collaborent également avec les promoteurs des nouveaux quartiers, comme le Quartier de l’Etang ou Belle-Terre, afin de trouver le juste équilibre entre points de recharge privés et infrastructures de recharge publiques.

A noter que les SIG ne sont pas les seuls actifs en termes d’installations de bornes de recharges pour véhicules électriques. 

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